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Billet d’humeur morose

Temps de lecture : 2 minutes

Je suis d’humeur morose en ce moment.

Je suis d’humeur morose parce que tout comme vous je vois défiler sous mes yeux des procès d’agresseurs, tous plus écœurants les uns que les autres, avec notamment cette culture du viol omniprésente et cette impunité qui est encore et toujours favoriser par des décisions de justice enrageantes.

Je suis d’humeur morose parce que j’ai donné une formation sur les violences sexuelles à des travailleurs sociaux dont beaucoup d’entre eux bossent à la CRIP (la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes). En gros, quand vous faites un Information Préoccupante ou un signalement, c’est entre leurs mains que ça arrive.

D’un côté, ça m’a fait du bien de voir toutes ces personnes avec leur énergie, leur bienveillance vis-à-vis des enfants. De l’autre, ça m’a dépitée d’écouter les failles du système de la protection de l’enfance. Ça m’a déprimé d’entendre qu’il fallait souvent 1 an et demi avant que les informations préoccupantes arrivent entre leurs mains. 1 an et demi durant lesquels il ne se passe rien pour l’enfant. Rien !

Ensuite, il faut une enquête sociale et puis potentiellement une autre enquête pénale avant d’avoir une décision du juge qui, soyons honnête, n’a parfois aucun sens. Aucun !

Des mères protectrices à qui on retire la garde de leurs enfants, des plaintes d’adolescentes qui ont été violées et qui sont classées sans suite, un pédophile chez qui on retrouve des centaines d’images pédo-pornographiques chez qui on maintient la garde exclusive de son fils, des gosses qui disent qu’ils ne parleront plus parce qu’on ne les a pas écoutés, parce que c’est trop tard.

Des histoires sordides j’en ai des dizaines à vous raconter.

Et quand bien même le juge ordonne une protection de l’enfant, il n’y a pas de place dans les foyers, pas de moyens, pas assez de familles d’accueil (et certaines d’entre elles ont des comportements complètement inadaptés !).

J’ai parfois l’impression de me battre contre du vent. Contre un système qui broie les enfants, contre une Aide Sociale à l’Enfance à la ramasse, contre un vide politique, contre des lois et des peines qui ne sont pas appliquées.   

Alors oui, je suis d’humeur morose en ce moment.

Ça ne m’empêchera pas de continuer à me battre et de continuer mon travail, mais c’est parfois difficile et j’avais simplement envie de partager ce sentiment avec vous.

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