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Comment expliquer la notion de consentement à un enfant ?

Temps de lecture : 6 minutes

Comment inculquer un enfant à la notion de consentement ?

Le consentement : il y a tant à dire sur le sujet ! Mais avec un enfant, est-ce qu’on peut en parler, vraiment ? 

Le consentement n’est pas une notion uniquement reliée à la sexualité. Le consentement, c’est donner son autorisation, décider de dire oui ou de dire non. Il s’agit d’une notion fondamentale pour apprendre à se respecter soi-même, mais aussi à respecter les autres. C’est avant tout une manière de promouvoir des relations saines et respectueuses et pour ça, il n’y a pas besoin d’attendre d’être grand ! 

Alors, comment aborder le sujet ? À partir de quel âge peut-on évoquer le consentement et sur quels supports peut-on éventuellement s’appuyer ? Suivez-moi ! 

Pourquoi parler de consentement aux enfants ?

On me dit dans l’oreillette que vous avez des doutes, que vous ne comprenez pas bien l’intérêt de parler du consentement à des p’tits bouts de chou. 

Attendez, laissez-moi vous exposer mon point de vue.

D’abord, parler de consentement avec des enfants, c’est aborder les notions de limites et d’intimité

Comment définir l’intimité ? Et bien, on peut dire que c’est une zone personnelle, un espace rien qu’à nous qui doit être respecté par les autres. Si vous trouvez ça plus parlant, vous pouvez aussi utiliser des métaphores, comme celle de la bulle, d’un château-fort, etc. 

En expliquant la notion d’intimité à un enfant, on lui parle en fait du respect de soi et des autres, on lui signifie que chacun a ses propres limites et qu’il est obligatoire de les prendre en compte.

En fait, la notion de consentement sert de base pour s’écouter, pour prendre soin de soi et de ceux qui nous entourent. 

Comment parler du consentement avec les jeunes enfants ?

Peut-être qu’à ce stade, vous vous demandez comment peut-on concrètement parler de consentement avec de jeunes enfants, sans que ce soit directement lié à la sexualité ? En fait, dans la vie quotidienne, différentes occasions peuvent se présenter pour aborder cette notion. 

Pas de bisous ni de câlins forcés

C’est l’anniversaire de mamie Georgette et un grand repas de famille est organisé. Tout le monde est ravi de voir votre enfant et lui réclame des câlins et des bisous à gogo. Voici l’opportunité parfaite pour faire comprendre à votre petit choubidou, et potentiellement au reste de votre famille, qu’on ne doit pas forcer qui que ce soit ni mettre la pression pour obtenir un bisou ou un câlin. 

Un enfant de trois ans peut tout à fait comprendre ça et je suis sûre que mamie Georgette aussi !  

La règle est simple : notre corps nous appartient, peu importe l’âge que l’on a. Pour être touché, il faut avoir donné son accord et sa permission. Ce choix doit toujours être respecté et chacun a le droit de dire non, à tout moment.

Au-delà de nos paroles d’adultes, il y a nos actes. Quel sens y aurait-il à enseigner la notion de respect si nous ne respectons pas nous-mêmes les enfants ? 

Par conséquent, que ce soit avec un enfant ou même avec un bébé, il est indispensable d’être attentif à notre comportement

Prenons le soin de bien observer les enfants avec qui nous avons des interactions. À nous de montrer l’exemple en demandant la permission avant d’étreindre un petit, de lui faire des chatouilles, etc. Le langage corporel est souvent clair. Si un enfant ne veut pas de bisou et qu’il s’écarte ou nous repousse, alors on n’insiste pas ! 

Aussi, lorsque nous prenons un bébé dans nos bras, que nous changeons sa couche, que nous lui lavons le nez… soyons prévenant.e.s. Bien sûr, certains soins ne peuvent pas être évités, mais si un enfant est réticent et que l’on peut différer un peu le soin dans le temps, alors faisons-le. Dans tous les cas, il est toujours préférable d’expliquer les raisons du soin à l’enfant et de faire les choses en douceur

On peut toujours parler et faire les choses avec bienveillance ! C’est une manière de montrer du respect pour le corps de l’enfant.

Non, c’est non !

Autre élément important à enseigner : non, c’est non !

L’interprétation dans la notion de consentement est parfois source de débat, mais il faut être clair quand on parle de consentement avec un enfant et lui apprendre à attendre un vrai oui avant d’interagir physiquement avec quelqu’un. Il ne doit pas y avoir de doute.

Si la réponse est “oui mais”, “peut-être” ou “je ne sais pas”, alors c’est non. En cas d’absence de réponse, c’est non aussi. Et si quelqu’un dit oui uniquement pour faire plaisir ou parce que l’autre a beaucoup insisté, alors c’est non. 

N’hésitez pas à donner des exemples concrets pour que les enfants comprennent bien : “si tu veux donner la main à Élisa et qu’elle n’en a pas envie, alors tu ne dois pas la forcer. Aussi, de ton côté, il faut oser dire non. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est très important ! ”

La prévention des violences sexuelles

Personne n’a envie d’imaginer un seul instant que son enfant pourrait être agressé sexuellement. Ni vous ni moi. Cependant, nous vivons dans un monde réel et malheureusement tous les enfants peuvent potentiellement croiser la route d’un pédocriminel

Sans faire peur aux enfants, sans les terroriser et leur expliquer en détails ce qui pourrait leur arriver, on peut tout simplement prendre le temps d’expliquer qu’il est formellement interdit de toucher certaines parties du corps

Vous pouvez nommer avec les mots exacts ces parties (poitrine, fesses, pénis, vulve, anus, etc.). Si vous n’êtes pas à l’aise, vous pouvez utiliser des surnoms comme “zizi” ou “zézette”. Toutefois, sachez que, peu importe l’âge de votre enfant, il n’y a rien de choquant à utiliser les termes réels. Les parties génitales sont des parties du corps comme les autres. 

Il est important de préciser aux enfants que l’intimité de chacun doit être respectée, que ce soit entre amis et même au sein d’une fratrie. Les agressions sexuelles entre enfants existent, les situations d’inceste entre frère et sœur sont possibles, il faut en avoir conscience et prendre notre responsabilité d’adultes et de parents pour que le cadre soit bien posé.

Enfin, il faut dire aux enfants que si quelqu’un ne respecte pas leur choix et porte atteinte à leur intimité, alors il faut immédiatement qu’ils aillent en parler à un adulte de confiance.

Comment parler du consentement avec les plus grands ?

Si l’enfant est un peu plus grand, vous pouvez aller un peu plus loin dans l’échange et potentiellement évoquer la sexualité, notamment si c’est lui qui pose des questions.

Avec les pré-adolescents et les adolescents, on peut aborder le consentement en parlant de la communication non verbale et insister sur le fait que tant que le oui n’est pas clair, alors c’est non, que ce soit pour un rapport sexuel ou pour un simple contact physique

Avec les ados, on peut aussi lancer des petits débats sur la manière de s’habiller par exemple. Par exemple “À ton avis, est-ce qu’un style vestimentaire peut laisser penser qu’une personne est consentante à quoi que ce soit ?”  

Enfin, lorsqu’on parle d’éducation affective et sexuelle, il faut toujours préciser qu’on a le droit de changer d’avis. Ce n’est pas parce qu’on est d’accord pour faire quelque chose maintenant qu’on le sera toujours. Un consentement peut être donné et retiré à tout moment. 

Un enfant n’est jamais consentant pour un rapport sexuel

J’aimerais ajouter une chose qui me semble très importante. 

On parle d’agression sexuelle en l’absence de consentement, c’est-à-dire lorsque l’acte est commis “avec violence, contrainte, menace ou surprise”, mais il faut être encore plus précis quand on parle d’agression sur mineur. 

Le consentement, c’est dire oui, mais le dire en toute liberté, en toute connaissance de cause. Il faut avoir la compréhension et la maturité pour dire oui. Or, soyons clair : lorsqu’il s’agit d’un rapport sexuel, un enfant ne peut pas comprendre. 

La majorité des abus sexuels sur les enfants se font sans violence physique. Oui, un enfant peut dire non, se débattre, rester figé, mais il peut aussi dire oui parce qu’il a confiance en l’adulte, par curiosité, par incompréhension, ou parce qu’il est sous emprise. Pour autant, il ne s’agit pas d’un consentement.

Un enfant ne donne pas son consentement pour avoir un rapport sexuel. Jamais. 

Pour rappel, la loi interdit les adultes d’avoir des relations sexuelles avec un enfant de moins de 15 ans (art. 227-25 du Code pénal).

Quelques ressources pour aborder la notion de consentement

Il existe de nombreux supports et ressources pour vous aider à aborder la notion de consentement avec votre enfant. 

Vous pouvez télécharger ici l’affiche “Le consentement lié à l’intimité” du site Hoptoys. Il y a aussi la génialissime illustratrice Elise Gravel qui a créé une petite BD sur le consentement que je vous recommande.

Évidemment, il y a également des livres fantastiques, je ne peux pas en faire une liste exhaustive (j’en ajoute régulièrement sur mon compte Instagram), mais je peux notamment vous recommander : 

Il existe aussi des vidéos pour les enfants à partir d’environ 5 ans. La Bulle de Miro par exemple (avec le petit accent québécois, c’est trop chou !) ou encore Ton corps est à toi, c’est toi le chef ! qui fait partie du projet de prévention « Le Loup » de Mai Lan Chapiron. 

Regardez ces vidéos avant de les regarder avec un enfant et soyez prêts à répondre à ses questions s’il en a.

Pour les ados, il existe une vidéo que vous connaissez peut-être qui s’appelle Thé et consentement. Ici une métaphore avec une tasse de thé est utilisée pour expliquer le consentement à une relation sexuelle.

Si vous connaissez, vous aussi, des outils pédagogiques, des albums jeunesses, divers supports sur ce sujet, n’hésitez pas à les partager en commentaire.

 

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